Linguistique-Syntaxe-L'infinitif
L'INFINITIF
I. Morphologie de l'indicatif
Caractérisé par la consonne "r". L'infinitif donne du procès représenté par le verbe, l'image la plus virtuelle de toute la conjugaison.
Ce qui explique que dans un dictionnaire c'est l'infinitif qui serve d'entrer pour identifier le verbe. L'infinitif permet d'identifier le groupe.
1er groupe : -er
2e groupe : -ir et -issant au participe présent.
3e groupe : le reste des verbes, ils sont irréguliers
Les tiroirs verbaux
L'infinitif ne contient que 2 tiroirs verbaux
Un tiroir simple : l'infinitif présent (mais l'appellation est ambiguë) on l'appelle l'infinitif
L'infinitif composé (forme accomplie)
L'infinitif sous forme passive
Inapte à exprimer le temps, l'infinitif épouse la temporalité du verbe principal
ex : j'ai été contraint de travailler / après avoir travailler tu partira
L'infinitif est à la limite du verbe et du nom (ceci va nous servir de classement pour les infinitifs)
II. Syntaxe de l'infinitif
1. Emplois autonomes, comme noyau verbal de constructions incomplètes
a) L'infinitif délibératif précédé d'un morphème interrogatif
ex : Que faire ? ; Où aller ? ; Par où commencer ?
L'infinitif n'a pas de sujet grammatical mais le procès possède un support sémantique qu'il faut identifier dans le cotexte.
b) L'infinitif injonctif
ex : ralentir ; ne pas se pencher au dehors ; tirer ; pousser
Utilisé dans les recettes de cuisine, les posologies de médicament
c) L'infinitif expressif ou infinitif de protestation, il signale une émotion forte
ex : Me faire ça, à moi !
On trouve aussi l'infinitif expressif avec un support explicité
ex : Balzac Le Père Goriot "Un père, se cacher pour voir ses filles"
d) L'infinitif de narration
ex : La Fontaine "Grenouille aussitôt de sauter dans les ondes
Souvent introduite par la conjonction de coordination "et"
Il acquiert une valeur de passé simple et il signale l'enchaînement rapide des actions. Pour qu'on est un infinitif de narration il doit être précédé par le morphème "de" indice ou marqueur d'infinitif de narration.
2. L'infinitif noyau de périphrases, infinitif non-autonome
Il est pris dans une forme verbale complexe
Formation : un semi-auxilière plus un infinitif ou une périphrase claire.
L'infinitif quand il est pris dans ces formes verbales, il est le support sémantique (c'est lui qui véhicule le contenue sémantique. Il opère la sélection du sujet et des compléments.
Par contre le premier élément est porteur des désinences personnelles et temporelles.
Syntaxiquement tous les éléments de la périphrase sont interdépendants
a) Périphrase verbale à valeur temporelle
- futur proche : aller + infinitif
ex : Nous allons manger
- passé proche ou immédiat : venir de + infinitif
ex : Il vient de partir
Le procès a pris fin très récemment
b) Périphrases verbales à valeur aspetuelles
L'auxiliaire ou semi-auxiliaire permet de représenter le procès à tous les stades de sa réalisation. Depuis le tout début jusqu'au presque achèvement
- l'aspect imminent : être sur le point de ; être en passe de
- l'aspect inchoatif, qui marque la phase initiale : je me met à ; je commence à
- l'aspect terminal qui marque la dernière phase : finir de ; achever de
-l'aspect interruption du procès avant son terme : arrêter de ; cesser de
- périphrases continuatives : continuer de ; ne pas cesser de
Elles marquent la poursuite du procès
- périphrases progressives : être en train de
Montre l'action dans son déroulement
Ce qui équivaut à la périphrase "en être à"
c) La périphrase à valeur modale
La périphrase à valeur modale indique un point de vue particulier de l'action sur le procès.
- devoir + inf > devoir dans le sens d'obligation (mais devoir peut aussi exprimer la probabilité)
- pouvoir + inf > dans le sens "avoir la permission" de mais aussi pour exprimer la probabilité
- avoir + inf > exprime la même chose que devoir dans son sens d'obligation
- certains emplois de savoir, vouloir et oser
- aller > dans un sens hypothétique
ex : si tu allais te blesser...
- venir à > qui exprime aussi l'hypothèse
- faillir +inf
- manquer ou manquer de +inf
- penser ou croire > quasi réalisation non effective (= le procès ne se réalise pas)
ex : j'ai failli rater le train
ex : j'ai pensé ou cru mourir
- des périphrases qui expriment l'incertitude avec : croire, paraître, sembler
ex : on croit rêver
ex : cette solution paraît être la meillleure
d) La périphrase à valeur actencielle
Ce sont les voix propres au procès
- faire + inf > valeur facultative
ex : Pierre à fait découper le gâteau à Marie
- laisser + inf > valeur de tolérance
ex : Pierre laisse piétiner la pelouse par son chien
La périphrase à valeur actencielle permet de combiner deux procès dans une même phrase simple
Les périphrases diathétiques
- se faire + inf
ex : s'est fait punir par ses parents
- se voir + inf
ex : je me suis vue fermer la porte au nez
- se laisser + inf
ex : il s'est laisser dire des insanités
- s'entendre + inf
ex: il s'est entendu dire ses quatre vérités
3. Les emplois nominaux de l'infinitif
a) L'infinitif complément d'objet
ex : Paul a affirmé connaître le chemin
ex : Paul prétend avoir rencontré Marie
(la vois passive de ses phrases est très difficile à faire)
En fonction de C.O.D l'infinitif va être fréquemment par les prépositions "à" ou "de"
ex : le règlement interdit le tabac > le règlement interdit de fumer
Pour prouver que "de fumer" est bien C.O.D on pronominalise l'infinitif > le règlement l'interdit > "l'" est un pronom de forme C.O.D
ex : Marie apprend la natation à Pau > Marie apprend à nager à Paul
"de" est un indice de l'infinitif au même titre que le "to" anglais.
b) Autres fonctions nominales
L'infinitif en emploi nominal peut être :
- sujet
ex : souffler n'est pas jouer
- attribut
ex : partir, c'est mourir un peu (attention les jeunes on oubli pas que cette phrase est une forme de l'emphase faite par déplacement sinon la momie s'énerve)
- complément de déterminant
- complément du nom ou de l'adjectif
ex : la joie de vivre (ressentie seulement durant les cinq minutes de pauses de linguistique ou quand on a le droit de s'étirer "thanks God")
ex : fier de réussir
ex : prêt à partir
- complément circonstanciel
ex : après avoir travailler j'irai prendre l'air
c) L'infinitif de progrédience (cas particuliers)
Après certains verbes intransitifs de mouvement, l'infinitif construit directement ne saurait en aucune manière être considéré comme un complément d'objet direct (car verbe intransitif). Il n'est pas non plus déplaçable. On appelle alors sa fonction : progrédience. On peut l'apparenter à un complément circonstanciel de but intégré.
ex : Je vais à l'épicerie acheter un oignon (on peut gloser : dans le but d'acheter un oignon) = c'est un infinitif de progression
d) La substantivation achevée
L'infinitif est nominalisé (c'est un nom à part entière). C'est une conversion ou une dérivation impropre qui y amène.
ex : le rire, le savoir, le pouvoir, le déjeuner
Au 17e siècle c'est un procédé important de néologie
Remarques :
1 : Que l'infinitif soit en emploi verbal ou nominal, il garde la rection verbale.
ex : Ne pas travailler me plait
2 : Les anacoluthes sont très fréquentes avec l'infinitifs
ex : Après nous avoir mangé les hors d'oeuvre, le graçon nous a apporté le plat du jour
ex : "Et moi, que t'ai-je fait pour m'oublier ainsi ? " Musset
> effet : donner plus de relief à la phrase
3 : On a très fréquemment des ambiguïtés sur le plan de l'interprétation
ex : j'ai proposé à Pierre de rentrer
4 : Problèmes de construction verbale avec les verbes de perception : écouter, entendre, regarder, sentir et voir
ex : j'entends l'oiseau chanter
La grammaire traditionnelle a appelé le groupe "l'oiseaux chanter" une proposition subordonnée en plaquant la terminologie latine sur la syntaxe française mais il ne peut s'agir d'une subordonnée puisque qu'il n'y a pas de groupe sujet verbe et par conséquent il n'y a pas de proposition.
On analysera cette structure comme une proposition indépendante avec une construction à double objet "oiseau" et "chanter" étant considérés comme des C.O.D du verbe "entendre". La preuve étant qu'ils se pronominalisent en une forme de pronom objet. On dira donc que "l'oiseau" est un support sémantique du verbe "chanter".
1 commentaires:
Qu'en est-il de l'infinitif de progrédience avec le verbe "garder" ?
Dans la phrase : J'hésite entre deux produits, je vais garder celui-là.
"Garder" exprime-t-il un futur ou une progrédience ? Comment peut-on "aller garder" quelque chose alors qu'on l'a déjà entre les mains ?
Certes on peut dire "j'ai pour but de garder celui-là", mais on l'a déjà.
On peut aussi dire le remplacer par un futur, sous-entendu : "je le garderai après l'avoir payé à la caisse".
Donc, dans le cas de "garder", mais aussi de ses synonymes, "maintenir", "conserver", etc, la progrédience et le futur ne se mêleraient-ils pas ?
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