dimanche 9 mars 2008

Linguistique TD fiche lexicologique

TD Fiches lexicologiques
Flaubert Bouvard et Pécuchet page 51 à 53


Fiche "le désoeuvrement"

I. Description morphologique et morphosyntaxique
Mot construit par dérivation
Préfixe "des" alomorphe de "dé" qui devient "des" devant voyelle. C'est un préfixe qui a valeur de négation ou d'idée contraire.
Suffixe "ement": il permet d'obtenir des noms d'action et des noms marquant le résultat de cette action. Ce suffixe est catégorisateur de classe et de genre. C'est un nom masculin.

Emploi métonymique, "ement", marque le résultat de l'action.

Base verbale : oeuvrer.
Le désoeuvrement est un nom abstrait. C'est un procès nominalisé.

II. Approche sémantique

1. Sens en langue

Le verbe "désœuvré" n'existe en langue que sous la forme d'un participe passé. En langue moderne il n'existe pas sinon.
Il produit le même sens que "désoeuvrement".
On retrouve l'idée d'oeuvre qui vient du latin "opera" "opus" "operis" qui signifie étymologiquement le travail en opposition à "otium", l'oisiveté.

Le mot "oeuvre" dans le sens de travail n'existe plus que dans des tours lexicalisés :
ex : un grand oeuvre ; le gros oeuvre ; être à pied d'oeuvre.

On passe à "l'oeuvre d'art" par métonymie. Objet crée par l'action, le mot devient alors femme.

"des" nie l'idée de travail : fait de ne pas travailler, de ne pas avoir de travail. Mais se rajoute un jugement de valeur négatif. Le mot se charge alors de valeur morale et penche plus vers l'oisiveté que pas de travail.
Le désoeuvrement : temps de loisir important ou mal géré > oisiveté est mère de tout les vices, valeur morale négative.

2. Sens en cotexte
microcotextuellement

Mot associé au mot "tristesse" relié par une conjonction coordination > caractérisé par un complément du nom qui restreint son champs d'application.
Déterminé par un article définit
Il renvoie à l'oisiveté propre aux dimanches c'est-à-dire l'oisiveté d'un jour non ouvrable.

"désoeuvrement" est complément d'agent du participe passé "engourdi" qui actualise l'idée de torpeur et de passivité.

macrocotextuellement

Le mot s'oppose fortement aux actions déployées par Bouvard et Pécuchet "marcher", "arriver"...
Le sens est donc celui d'état d'inactivité propre aux jours non ouvrables.
Ce mot acquiert une autre valeur très importante dans un incipit : c'est la justification romanesque de la rencontre de Bouvard et Pécuchet. Ils doivent être en congé pour pouvoir se rencontrer.

III. Paradigme lexical

opera a donné de nombreux mots en français
qui se base sur oeuvre et ouvre
oeuvre : oeuvrer, oeuvrette, chef-d'oeuvre
ouvre : ouvrage, ouvrer, ouvrable, ouvrier, ouvroir


Fiche lexicologique de "charme"

I. description morphologique et morphosyntaxique

Verbe du premier groupe en "er" dont la base est "charme" suivit de la désinence du passé simple pour les verbes du premier groupe à la troisième personne.
Il s'agit d'un verbe dérivé sur la base "charme" auquel on a ajouter "er", un suffixe verbal.
C'est un verbe transitif direct. Le complément d'objet direct est Pécuchet.

II. Approche sémantique

1. Sens en langue
"charme" est obtenu par emprunt au latin "carmen", "carminis" qui signifie incantation, formule magique, le terme appartient alors au vocabulaire religieux.
Par métonymie on va passer de la cause à l'effet pour que la signification devienne une influence mystérieuse et magique.
Le sens va s'affadir et au 17e siècle il se banalise. Il va signifier attrait, qualité qui a le pouvoir de plaire et aux pluriels il signifie les attraits physiques féminins.
Le sens s'affadit encore et maintenant c'est un attrait, un agrément.

Le dériver verbal "charmer" suit la même évolution. Il s'affadit progressivement. Le premier sens est soumettre à une opération magique puis plaire à suivit d'un complément humain.

Synchronie au 19e siècle : le sens est déjà très affaiblit.

sens en langue : On retrouve le sens de magie dans des expressions lexicalisées : être sous e charme de ; le charme n'agit plus ; un charmeur de serpents

2. sens en cotexte
microcotextuellement

"aimable" et "charma" sont corrélés et se font échos. Le sens qui s'impose à la première lecture c'est "plaire" dans le sens de séduire mais affaiblit.

macrotextuellement

Cependant cet énoncé renvoie à "l'air sérieux de Pécuchet frappa Bouvrad", la même construction syntaxique est employée, les termes sont proches syntaxiquement. Inversion des noms propres et opposition sémantique entre "aimable " et "sérieux" tandis que "frapper" révèle un sens très fort : être affecté d'une émotion forte. Ce qui est à mettre en parallèle avec l'émotion de Bouvard à la vue de Pécuchet. C'est ce qu'on nomme plus couramment "le coup de foudre". Le fait de voir avant même le prise de parole > fascination.
Nous avons donc à faire au premier sens de charmer, non pas son sens affaiblit.
L'emploi par Flaubert de l'adjectif "aimable" confirme notre affirmation.
Réactivation par l'auteur du premier sens du mot : avoir une influence mystérieuse sur
Flaubert joue de l'ambiguïté entre le sens fort et le sens faible. Ne serais-ce pas le titre qui pourrait nous mettre sur le voie d'une réactivation du sens fort ? Les deux personnages sont présentés comme un couple dans le titre de l'oeuvre.

III. Paradigme lexical
Charmant, charmante désigne toujours le sens affaiblit
Charmeur, charmeuse > sens affaiblit
Mais charmeresse tient de la formule magique il contient un sens fort, il désigne une femme qui pratique la magie. Ce mot est abondemment utilisé par Chateaubriand et Georges Sand


Fiche lexicologique de "libéral"

I. Description morphologique et morphosyntaxique

Adjectif qualificatif masculin singulier qui caractérise Bouvard. C'est un mot simple qui vient du latin "liberalis" mot dérivé sur le latin "liber" qui signifie "libre"
L'adjectif est construit en un comparatif simple de supériorité, la comparaison se fait avec Pécuchet.
Syntaxiquement il est attribut de "Bouvard" par l'intermédiaire de la copule "être".

II. approche en langue

1. Sens en langue
Etymologiquement : qui concerne un homme libre > sens propre
le sens figuré désigne le comportement d'un homme libre > bienfaisant, généreux...
Ce sens est maintenant sorti d'usage et supplanté par généreux.
Le mot libéral est donc vacant et il est donc réinvesti dès 1750 dans un sens politique.
1848 : nouvelle donne politique. C'est l'émergence du mouvement socialiste.
Libéral s'oppose à la fois à monarchiste, conservateur, socialiste.
Un libéral désigne quelqu'un qui est favorable aux liberté individuelles, il s'oppose en cela aux monarchistes favorables à la liberté d'expression différent des conservateurs, il s'oppose aux socialiste et donc à un système de solidarité sociale.

Après affaiblissement, il désigne quelqu'un de tolérant, permissif.

De nos jours, sa valeur est modulée en fonction des valeurs économiques et politique de libéralisme. Il s'oppose à l'étatisme et au socialisme.
Pour être libéral il faut être plutôt à droite sur l'échiquier politique. On parle de droite libérale qu'on oppose à la droite autoritaire représenté par De Gaule. Actuellement, les libéraux en France ont une position très à droite. Ils refusent l'encadrement économique par l'état, prônent la souplesse et la dérégulation et veulent que les marchés ne soient absolument pas réglementés.

En synchronie le mot libéral regroupe des actions différentes selon le cotexte.
- profession : il désigne un travail où celui qu'il l'effectue est à son compte.
- arts libéraux : discipline enseignée dans les universités au Moyen Age ; discipline enseignée aux personnes libres.
- sens le plus habituel : tolérant et souple

2. Sens cotextuel

microcotextuellement
Le microcotexte est tout à fait explicite du de "conversation politique".
Le sens politique du mot renvoie à une distribution politique valable seulement 1830-1840 (page 68)
Au milieu du règne de Louis Philippe que signifie donc "libéral" ? Au départ le régime de Louis Philippe est une monarchie souple > le libéralisme conservateur. Il était partisan du libéralisme économique. On parle pour son règne de monarchie libérale.
libéral est employé pour qualifier un opposant bonapartiste ou républicain.
Bouvard est dons un opposant bonapartiste et républicain. Bouvard est donc un opposant à la monarchie bonapartiste.
La construction de sens ne peut se faire qu'à partir des données historiques du roman.

III. Paradigme lexical
Libéral dans le sens de généreux : libéralité > don
Libéral dans le sens de la chose politico-économique : anti-libéral, libéralisme, anti-libéralisme, libéralisation, libéraliser.
Actuellement spécialisation dans le secteur de la politique et de l'économie.
Libéral formé sur la base latine "liber" > libre et libertin
libre donne liberté, libérer, libération
Libertin donne : libertiner, libertinage, libertinement
Au 17e un libertin est un athée, un libre penseur
Au 18e c'est un homme qui se caractérise par des inconduites sur le plan des moeurs

Ces mots réfèrent tous à un comportement personnel ou social.
"liber" en latin renvoyant à une distribution sociale bien précise.

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